Le 27/10/2012
Si la musique sur internet était vraiment ce lieu de partage sybillin que tu décris jeanclaude, le site ne serait pas en train de devenir moribond.
Quand j'étais jeune, je pratiquais seul, souvent, pour être en mesure d'offrir autre chose aux auditeurs éventuels qu'un paquet de "licks" décousus et des petits bouts de chansons. Autour d'un feu, dans un festival ou une soirée au centre communautaire, on peut difficilement maintenir l'intérêt si on ne joue pas des trucs que l'auditoire peut chanter ou, à tout le moins, reconnaître, et ça a avantage à durer plus que 2 mesures! Et aujourd'hui, je pratique encore seul, parce que c'est la seule façon d'arriver à savoir quoi faire avec l'instrument quand on se retrouve en contexte, soit devant auditeurs ou en groupe. Habituellement, ça prend moins d'une minute à un observateur pour voir si un musicien a fait ses "devoirs" ou non.
Sur internet, personne n'est obligé d'écouter, mais ça n'empêche pas les gens de s'auto-gratifier sur leur page perso, leur Facebook, Youtube, les forums et tutti. Le culte de la personalité bat son plein, les gens exposent leur égocentrisme avec des moyens décuplés aujourd'hui, alors que jadis cette attitude aurait résulté en un isolement de ceux qui veulent toujours tirer la couverture à eux. Regarde le résultat concret jeanclaude. Des gars qui ne commentent pas, mais qui postent pour être "écoutés". À quel jeu jouent-ils?
Quand quelque chose nous intéresse vraiment, on prend le temps et les moyens pour le faire, et on arrête d'exiger que les autres réalisent nos rêves à notre place. Si le "partage" est à sens unique, ce n'est plus un "partage", et le jeu n'est plus amusant. Les gens veulent qu'on s'intéresse à eux mais se foutent un peu trop des autres, c'est pas comme ça qu'on construit une société. Les gens critiquent, mais ne proposent pas de solutions; les gens demandent du changement, mais sont incapable de casser leurs propres habitudes; les gens veulent qu'on les aime, mais passent leur temps à dire que les autres sont détestables. Internet permet maintenant de voir tout ça au grand jour, ce qui par le passé restait timidement caché par la pudeur et la pression d'un retour de balancier pas jojo. Dans la rue, certains marchent la tête baissée et le regard fuyant. Sur internet, ils deviennent des super-héros! Dans le monde virtuel, n'importe qui peut s'enfler la tête et "bloquer" ce qui ne leur renvoie pas l'image qu'ils se font d'eux-mêmes. Pareil comportement anti-social serait vertement déboulonné dans une situation réelle, la plupart des gens n'acceptent pas ceux qui prennent tout et qui donnent rarement. L'avantage d'internet, c'est qu'on peut tourner le dos sans que ça paraisse, mais ça a aussi le désavantage de laisser les égocentriques croire qu'ils n'y sont pour rien...