Le 10/07/2009
tiboard a écrit :
hier, j'ai refait en gros la version originale, celle avec 53 guitares, pour aller au bout.
je préfère, quand même. on gagne largement en lisibilité ce qu'on perd en patate, je trouve.
Sauf vot' respect m'sieur, moi je trouve que la différence est minime. Peut-être que tu le sens comme ça parce que tu as l'impression de plus "contrôler" ton truc dans le détail, mais pour l'auditeur la question ne se pose pas ainsi! Maintenant que j'entends les "punch-in" (ex. 0:34, 0:50, 1:05) le truc perd effectivement en "puissance réelle", même si tu as ajouté des "slide-in" au début des passages pendant que les passages précédents jouent encore. Ce sont des effets ajoutés que tu ne pourrais pas faire en one-shot, c'est donc là que ton travail réside: arriver à recréer ces effets de transition en jeu réel.
Joe Satriani aurait simplement glissé son médiator sur les cordes, enfoncé le vibrato, pincé une harmonique, relâché le vibrato, puis fait des slides rapides d'un bout à l'autre "schhhoooouiscchhswioussch..." avant de reprendre sur le lick suivant.
Je n'ai pas la prétention de faire mieux que toi, mais en bon auditeur assidû de guitare instrumentale voici comment je perçois la chose:
Une multitude de guitaristes amateurs sont capables de reproduire des "licks individuels" de Satriani, par exemple. Beaucoup moins nombreux seront ceux capables de reproduire un solo complet, et une minorité arrivera à jouer une pièce accessible au complet sans se gourer et en ressemblant à Satriani. Mais pour vraiment cloner Satriani, il faut être capable de jouer toutes ses pièces à l'identique, y compris les plus difficiles, parce que sur les pièces faciles ce sont les mains du "Joe Satriani " qui est capable de jouer les difficiles comme les faciles. Un amateur peut bien faire un montage de toutes les parties d'une pièce de Satriani pour réussir à lui ressembler sur une pièce au complet, ça sera toujours moins ressemblant qu'un pro qui joue d'un trait dans le même esprit que l'original, même s'il change des notes ou certains passages, tant qu'il soit capable de reproduire l'esprit de l'auteur, avec sa maîtrise et son approche.
J'ai étudié brièvement en arts visuels avant de me décider à me concentrer sur la musique, parce que je trouvais ça vivant, "Live", alors que le visuel est plus étendu dans le temps, on peut dormir, manger et sortir avant qu'une "pièce" soit terminée. Quand on commence une oeuvre dans un état d'esprit donné, il arrive souvent que cet état d'esprit évolue et même change complètement avant que l'oeuvre ne soit terminée. Il y a donc, entre l'intention de départ et le résultat final, une coupure beaucoup plus grande qu'avec la musique improvisée (ou pas), où on aborde et termine une pièce dans le même état d'esprit, sauf si on fait du découpage. La musique demande une plus grande maîtrise temporelle de nos moyens que la peinture, par exemple, parce qu'on ne peut pas corriger pendant qu'on joue (surtout devant un public!), alors tu comprendras que pour moi c'est primordial d'être capable de traduire un état d'esprit avec une impro (ou compo) en la jouant d'un trait...
C'est ça qui doit être à l'origine du mot "expression": on "exprime" quelque chose avec l'instrument, mais en découpant et en collant des morceaux de solo ensemble, cette expression devient mécanique et perd son sens. Si tu enregistres un "lick" avec un certain type de vibré et que tu le colles avec un autre "lick" subséquent, l'expression ne sera pas la même sur l'ensemble que si tu avais joué les deux d'un trait, avec leur expression respective dans le même état d'esprit.
Edit: ceci dit, je ne m'attends pas à ce que tous les guitaristes se mettent à jouer des one-shots impeccables, il faut aussi apprendre des licks, apprendre à "phraser", faire des rythmiques, etc. Mais je pense que c'est un but à viser, parce que rien n'est plus gênant que de se retrouver en public avec une gratte entre les mains et une réputation de "bon guitariste, vous allez voir, il arrache tout" et de ne pas être capable d'improviser décemment...